Comment j'ai vécu la guerre de 39-45

Ce qui nous reste de la Seconde guerre mondiale

Comment j'ai vécu la guerre de 39-45

Messagede Jacques P. le 29 Déc 2008, 22:15

Extrait du témoignage de Jacques Puybaret sur la guerre de 39-45.

J'ai 9 ans, la "débâcle" de mai 40 nous surprend comme une défaite honteuse et surprenante après les affiches de la "drôle de guerre" promettant la victoire "Parce que nous sommes les plus forts", puis après l'invasion de la Norvège par les Allemands :"La route du fer est coupée". Je me souviens très bien de ces affiches placardées dans les villes de France représentant l'ensemble des possessions des empires Français et Britanniques et elles étaient impressionnantes pour un jeune écolier. La déception envers la 3° République n'en fut que plus vive.

Etant enfant, je n'avais de connaissance historique que l'enseignement de l'école primaire. Colonies et territoires d'outre-mer étaient des faits acquis. L'Allemagne, c'était les "boches" un ennemi cruel qui nous avait pris une première fois l'Alsace-Lorraine et qui voulait recommencer

Cette certitude de la victoire contredite m'est restée en mémoire sous la forme d'une méfiance de l'information et de la manipulation d'opinion.

Les responsables de la politique étaient allés dans le sens du pacifisme de l'opinion, mais leurs erreurs allaient révéler leur incompétence ou pusillanimité.

La célèbre phrase de Churchill après "Munich" : "On vous a donné le choix entre le déshonneur et la guerre; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre" m'a beaucoup impressionné quand j'en eus connaissance beaucoup plus tard.


Puis ce fut l'occupation allemande. Le martèlement d'une propagande inverse de l'occupant et du gouvernement de Vichy vint remplacer la propagande républicaine.

Ceci m'a profondément marqué.

Pendant quatre ans d'occupation, nous entendions dire que l'Angleterre était notre ennemi héréditaire.( Cependant on chantait fort heureusement aussi : "Radio Paris ment (bis), radio Paris est Allemand" qui était diffusée par Radio Londres)


De nouveau les horreurs de la guerre : pour les soldats: tuerie et blessures, les camps de prisonniers, pour les civils : les épouses restées seules, les bombardements aveugles des civils, la pénurie, les cartes de ravitaillement, l'absence de chauffage pendant les hivers rigoureux.

Réfugié en 43 en zone dite "libre" mais occupée, j'ai vu passer en 44 à Brive sous nos fenêtres la sinistre division "Das Reich" de triste mémoire à Tulle, Oradour et ailleurs. Sur un capot d'un blindé gisait un résistant blessé offert en spectacle répressif et vengeur à la population, ce souvenir me hante encore quelquefois.


Pour ajouter à l'horreur, ce n'est qu'après le 8 mai 45 que nous apprîmes l'existence des camps de concentration. Les images de ces camps au cinéma ou dans les journaux furent un choc, j'avais alors 14 ans.

J'avais bien eu quelques camarades de lycée qui avaient porté l'étoile Jaune mais nous ne nous en soucions pas et n'imaginions pas le sort qui leur était destiné. Quelques Chrétiens portaient volontiers une petite croix à la boutonnière et pour nous cela marquait seulement la différence de religion sans aucune autre discrimination. Ces camarades juifs étaient parmi les meilleurs élèves de la classe, à aucun moment il n'y avait de moquerie ni de racisme. Les "histoires juives" circulaient sans plus de différence que les histoires corses, écossaises ou auvergnates.

Mais ce n'était pas fini, la guerre persistait avec le Japon : Il y eut encore Hiroshima et Nagasaki. Avec les mêmes images d'horreur. (Une question surgit alors: si les alliés n'avaient pas gagné la guerre, le président Truman aurait-il été poursuivi par un tribunal international?)

Mais la "guerre froide" allait remplacer bientôt la guerre mais pas partout dans le monde: guerre de Corée, conflit Chinois, Indochine etc.…

Un épisode de la guerre de Corée vint me surprendre vers 1952 et m'est resté en mémoire. Des étudiants pacifistes faisaient circuler une pétition contre une arme bactériologique que les Américains auraient employée contre les Coréens du Nord ? Je me souviens avoir refusé ma signature par méfiance de cette assertion qui à ma connaissance n'a d'ailleurs jamais été confirmée.

Toujours la propagande et le mensonge de la guerre froide ou chaude.

C'était peut-être au moment où je venais de lire un livre d'un russe exilé (Kravchenko: "J'ai choisi la liberté") qui révélait les goulags du soit disant "paradis soviétique". Ce récit qui devait se révéler vrai grâce à Soljenitsyne était traité comme mensonger par les communistes de l'époque. Et pourtant des grands intellectuels comme J.P. Sartre soutenaient les Soviétiques. Qui croire?
Jacques P.
 

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