Algérie

[Un de Cergy]

Pendant la guerre d'Algérie :

Mon seul fait d'armes en Algérie : avec un halftrack ( voiture blindée), j'étais chargé de faire un accompagnement de car, sur une route qui serpentait dans la campagne; la ligne du car allait de Alger à Trolard-Taza ( devenue Bordj Emir )
Une fois, il y avait eu une attaque de ce car qui transportait les gens au marché. Donc deux voitures blindées accompagnaient ce car les jours de marché. Après, c'était la plaine, la partie montagne était dépassée, on s'arrêtait là et on attendait le retour du car.
Au moment de revenir, arrive une bande de gars, des jeunes campagnards. L'un était à dos d'âne et il avait le pied en sang, une grosse plaie ouverte.
Les jeunes me demandent, en s'exprimant comme ils le pouvaient, si je pouvais faire quelque chose.
J'ai demandé ce qui lui été arrivé. Ils m'ont expliqué qu'il avait reçu une barrique sur le pied, celui-ci était carrément écrasé. J'avais la boîte de secours de l'halftrack, je l'ai prise et j'ai soigné comme j'ai pu : désinfecté la plaie, lavé au savon, .j'ai fait un gros pansement avec de la teinture d'iode, ce que j'avais.
Ensuite j'ai appelé les gendarmes par téléphone. Ils sont venus le chercher après. Il a fallu que j'appelle deux fois. Les gendarmes toujours soupçonneux ont demandé s'il ne s'agissait pas d'une balle dans le pied. J'ai dit, non, il n'a pas le pied traversé; j'ai insisté pour dire que c'était urgent.
Ils l'ont emmené à l'hôpital. Le blessé était bien d'accord pour y aller car il était malheureux; le chauffeur et le gars qui étaient avec moi, on s'est débrouillé pour le soulager un peu, mais on n'avait pas grand chose.
C'est mon seul fait d'armes !
Je n'étais pas trop tranquille : j'avais laissé les moteurs en route et j'avais mis un de mes gars à surveiller, des fois que ce soit un piège. L'époque incitait à être prudent.