Les bombardements au Nigeria

Les bombardements au Nigeria

Messagede Muhamed le 16 Oct 2008, 23:28

Le Nigeria pendant la guerre de 1914-1918.
Je suis originaire du Nigeria. Un reportage sur le Bénin, passé en septembre à la télé, retrace la période de la guerre.
Beaucoup de gens sont partis du Nigeria au moment des bombardements.
Le pays était à l'époque une colonie anglaise. Les allemands ont bombardé le pays.
Les gens ont fui les bombardements en partant au Bénin où ils se sont cachés dans les grottes, (dans les habitations troglodytes) .
Là, ils se sont trouvés face aux français.
Les gens de ce village, vu à la télé, actuellement au Bénin, sont des Menjelé qui parlent le yoruba; ils sont venus du Nigéria.
Au Bénin, il y a les Fon, originaires du Bénin, et les Yoruba,
Les Yoruba, on a vu dans le reportage, ont des femmes extrêmement dynamiques, qui ont beaucoup d'énergie pour travailler; elles réussissent très bien dans les affaires.
C'est à cause des bombardements au Nigeria que ces Yoruba sont partis dans la brousse et se sont installés dans ces villages qui existent encore.
Dans ma province natale, au Nigeria où il y a ma maman, les villages existent encore. Il y a là le Onumo ("grosse pierre"), c'est une grosse montagne. Il y a même, maintenant, le moyen de monter jusqu'en haut, et de là, on voit en bas les pygmées qui vivent encore là.

La frontière ? Avant la guerre de 14, les français, sont venus chercher des gens au Sénégal,
et aussi au Bénin, avant la séparation, pour prendre des soldats.
Pas au Nigeria, puisque c'était anglais.
Ce sont les allemands, basés au Cameroun, qui ont bombardé les anglais qui étaient au Nigeria.
Une partie du Nigeria actuel faisait partie, avant 14, du Cameroun allemand. (voir la carte)

Ma grand-mère disait que pendant les bombardements, il ne fallait pas allumer du tout de lumière, parce qu'on craignait qu'ils nous repèrent, et qu'ils nous bombardent : dès que les avions voyaient une source de lumière, ils bombardaient. C'est pour ça que les gens partaient se cacher sous la montagne, au Nigeria.
Ouardeni (ouardegui) tu cherches à te cacher.
Les gens qui ont fui les bombardements sont partis au Bénin, où il y avait aussi des habitations troglodytes, on l'a vu dans le reportage à la télé.
Ma grand-mère a vécu cette période et elle me l'a racontée. Elle n'a pas fui. Elle est restée et s'est cachée, en n'allumant pas les lampes à pétrole ( celles-ci étaient alimentées par de l'huile de palme avec des mèches). C'était dur à l'époque.

Encore maintenant, il y a des problèmes, à cause du pétrole.(On a vu les bidons d'essence, à la télé : ils explosent à la moindre étincelle).
Au Nigeria, il y a beaucoup de pétrole. Mais au Bénin, le pétrole est très cher, il y a beaucoup de taxes; donc les gens traversent la frontière et ramènent du pétrole de contrebande, qui coûte moins cher.

Au Nigeria, avant guerre, j'avais un grand-père qui avait beaucoup de champs, de fermes de papayes et de mangues.
Quand je suis retourné là-bas, on m'a montré où s'étendait la ferme de mon grand-père : les champs avaient plusieurs kilomètres de long.
A l'époque, on était petits, les fruits mûrs tombaient par terre !
Mon grand-père n'a pas fait la guerre, on était une famille de notables et on ne touchait pas les notables.
Dans de nombreux pays, les gens riches étaient dispensés du tirage au sort.
Ceux qui devaient y aller pouvaient payer un autre pour partir à sa place.
Ce n'était pas les français qui faisaient ça, par exemple au Sénégal : c'était les chefs de village, les notables. Ils choisissaient les hommes valides, dans les autres familles.

Y a-t-il eu des bombes qui n'ont pas explosé, qui ressortent quand on creuse ?
Non. Chez nous, il n'y a pas de grandes constructions où il faut creuser beaucoup pour les fondations; dans ces villages, ce sont des maisons basses. Et y il a beaucoup de pierres sur le sol. D'ailleurs, la ville s'appelle : "Abeokuta, la ville sur le rocher". Les bombes explosaient en arrivant sur les pierres.

Après les Traités de paix, les frontières ont été bien acceptées
Les autres guerres après, ce sont les guerres internes. La guerre civile du Nigeria, ou guerre du Biafra, a fait des millions de morts au Nigeria. L'enjeu principal était la main-mise sur le pétrole.
J'ai vécu cette guerre. C'était terrible.
Muhamed
 

La rébellion de Kaba, au Dahomey

Messagede Fille du vent. le 21 Oct 2008, 22:20

Pour faire écho à ce que nous dit Muhamed, sur les gens réfugiés dans les grottes, voici un récit sur les grottes au Nord Dahomey.
J'ai fait une synthèse d'un récit de Tilo Grätz, dans les Cahiers d'Etudes Africaines. Ce récit tient une place importante dans l'imaginaire au Bénin.

La rébellion de Kaba éclata en 1916 dans la partie Est des montagnes d'Atakora .
Kaba, un chef local d'origine natemba, était l'un des leaders des petites révoltes locales dans les régions septentrionales de l'ancien Dahomey. Mais son mouvement progressa petit à petit et s'étendit sur une zone habitée par des groupes ethniques différents.
Kaba avait obtenu le soutien de jeunes hommes et de chefs locaux, hostiles aux Français qui avaient essayé de recruter de force des jeunes gens lors de la Première Guerre mondiale . Beaucoup d'entre eux avaient réussi à se réfugier dans les montagnes et à résister aux troupes françaises.
Les administrateurs français se virent contraints de demander un détachement militaire spécial pour briser la résistance. Selon les sources d'archives, Kaba et ses hommes furent vaincus en mars 1917 lors d'une bataille, près de Orou-Kayo, où ils s'étaient réfugiés dans une grotte . Selon certains, une trahison aurait permis aux Français de découvrir leur abri.
La rébellion avait irrité les Français parce que les guerriers attaquaient les lignes du courrier entre Natitingou, le chef-lieu du Cercle d'Atakora, et les chefs-lieux des subdivisions (surtout Tanguiéta, Kouandé) étant donné que toutes les caravanes devaient passer par la région montagneuse qui servait de refuge naturel aux rebelles.
Mais après l'insurrection, les Français ont décidé d'accroître leur présence militaire dans la région et ont puni les villages ayant participé à la révolte en les obligeant à payer des tributs spéciaux. Les Français réussirent par la suite à « pacifier » la région.
En conclusion, on peut parler d'une rébellion limitée comparée à d'autres révoltes survenues en Afrique de l'Ouest, mais elle eut un impact considérable sur les administrateurs français, en particulier à cause des méthodes employées et de « l'invisibilité » des ennemis (constats qui se retrouvent dans les rapports politiques de l'époque). Paradoxalement, l'image belliqueuse de la population poussa les Français à recruter encore plus de soldats de la région du Nord du Dahomey.
Fille du vent.
 


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