Page 1 sur 1

Le pardon

MessagePosté: 03 Nov 2008, 00:52
de Thérèse
Je suis née au Vietnam (Indochine française à l'époque) en 1942 et je suis catholique.
J'ai connu la guerre pendant mon enfance. J'ai vu les français, les résistants...des choses très dures dans ma mémoire. Mon papa a été torturé par des policiers français parce qu'il avait été dénoncé comme vietmin. Il en a gardé des séquelles toute sa vie.
Quand on ne voit que son intérêt, on refait toujours les mêmes fautes.
Les chrétiens français ont colonisé le Vietnam, mais les missionnaires nous ont apporté la foi.
Cela m'a permis de pardonner.
Il ne faut pas faire aux autres ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse.
Il faut pardonner à cause de la faiblesse humaine. Si nous ne pardonnons pas, c'est nous qui souffrons. Les bourreaux oublient ou essaient d'oublier. Grace à la foi que Dieu nous donne, nous pouvons pardonner.
Sous le régime communiste, j'ai trop souffert et mon entourage aussi. Les gens ont été tués, torturés.
La blessure est profonde. Mais si nous pensons toujours aux fautes des autres, ce n'est plus eux qui nous font du mal, c'est nous qui nous faisons du mal à nous-mêmes.
Il faut pardonner pour être heureux, pour vivre normalement, au lieu de vivre dans la haine, la rancune, la vengeance. La mort de l'ennemi ne nous rendra pas heureux.
Je prie tous les jours pour que les victimes des guerres puissent pardonner aux bourreaux et que leur âme repose dans la paix et la lumière.

Le pardon ?

MessagePosté: 03 Nov 2008, 00:57
de Fille du vent.
Thérèse, est-ce que tu n'es pas un peu trop bonne ?
J'ai demandé à un prêtre d'origine juive, qui avait souffert de la part des nazis et qui avait perdu 15 personnes de sa proche famille dans les camps, s'il avait pardonné.
Il m'a répondu immédiatement : "je suis prêt à pardonner, mais ils ne m'ont pas demandé pardon !"
Il était en paix, à cause de son attitude d'ouverture au pardon, mais il ne pouvait pas nier le passé et la volonté de nuire de ceux qui avaient fait ça.

Re: Le pardon

MessagePosté: 03 Nov 2008, 10:26
de Roger
Je vois dans le livre de Roger Pannier( "Jusqu'au Martyre"-1942-1945, Cologne Rhénanie, Edition des Etannets, page 238), déporté à Buchenwald avec son groupe, sur dénonciation, seul survivant et témoin, prêtre à Cergy pendant de nombreuses années :
"Face à la haine des nazis pour nous et face à notre propre haine, le pardon est d'abord un itinéraire intérieur : sérénité, lucidité (lucidité : quête de la vérité; les faits sont assez accablants, inutile de les grossir).
Sans innocenter, chercher à comprendre les cheminements des bourreaux, des délateurs, des indicateurs...//...Le pardon n'exclut pas jugement, condamnation, sanction. La vérité doit être manifestée, les crimes sanctionnés.
Sauf peut-être en certaines circonstances. La décision – de pardonner, de ne pas dénoncer – (la paix revenue, tout péril étant écarté) n'appartient qu'aux victimes.
La vie, en groupe ou en société crée inévitablement des oppositions, des haines, des ferments de mort..., pour survivre.... ensemble. Il faut les éliminer : seul le pardon peut le faire efficacement. Il faut aussi redonner sa chance à l'autre.

Aimez vos ennemis..., faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent. (Luc, 6.27)"

Re: Le pardon

MessagePosté: 14 Nov 2008, 17:31
de admin
Le soir du 9 novembre, nous avons eu une magnifique conférence de Bernard Reber, sur le thème :
"Reconstruction des mémoires, oubli, justice, pardon ?".
Nous la publierons sur ce site dès que possible. Merci de votre patience.

Re: Le pardon

MessagePosté: 26 Fév 2009, 23:08
de le veilleur
Eh ! elle est publiée : cliquer ici