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* Administrateur de Religions pour la Paix
Recteur honoraire de l’I.C.  de Toulouse
Professeur à l’Institut Catholique de Paris

 

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Des Responsables religieux s'expriment sur la guerre Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

Commémoration interreligieuse du 11 novembre 2008


Introduction, par le pasteur Andras Kutasi.


Ce matin, nous sommes venus rendre hommage à ceux qui se sont donnés pour la patrie !

C'est un moment solennel qui met en évidence notre devoir de mémoire, devoir que nous avons travaillé d'un point de vue religieux ces derniers temps.


C'est sous cet angle que nous, protestants, musulmans, catholiques et israélites apporterons notre contribution, le tout accompagné d'invocations/prières et de musiques propres à nos expressions.


Une approche protestante de la guerre.

Je l’avoue d’emblée, la question est difficile ! Elle est difficile, car elle nous situe sur le seuil de nos choix existentiels à chaque instant de la vie. Notre foi exprime notre confiance en Dieu vivant, qui est pour nous le Dieu de la vie et non pas de la mort. "La guerre suscite la guerre, tout comme la violence suscite la violence…" nous enseigne la Bible. Dieu appelle à la vie et éveille à une responsabilité individuelle autant que collective pour la sauvegarder…
Notre espérance s’inscrit en même temps dans une réalité quotidienne où la domination de l’autre, l’injustice, la dégradation de l’être humain, la violence, créent une tension qui paraît souvent insurmontable et nous invitent à lutter en permanence pour plus de justice, de respect d'autrui, d’équité et de paix. Espérer ne veut pas dire "attendre sans rien faire", mais au contraire nous invite à des choix existentiels individuels d’abord, collectifs ensuite- je l’espère !
L’image par excellence de ce choix est le pasteur Martin Luther King, ….. mais nous nous souvenons aussi du pasteur Bonhoeffer ou de Niemüller qui osaient non seulement dénoncer mais aussi résister à toute l'idéologie d’Hitler, faite souvent au nom de Dieu !!!!
Illustrons aussi cette possibilité de choix collectifen évoquant le comportement des protestants de Chambon sur Lignon, qui tous ensemble et sans hésiter ont mis leurs vies en péril pour sauver de la déportation les enfants juifs …
Le choix non violent n’est pas une attitude molle face a l'adversité de ce monde, mais une décision ferme et une lutte sans relâche, même au prix de sa vie…


C'est pour cela que nos aumôniers protestants sont présents auprès de nos soldats qui assument la protection de notre pays ou le maintien de la paix dans des situations à hauts risques.

Nous les portons tous dans notre plus haute estime et dans nos prières.

Prière des protestants :

Seigneur, prends pitié

des peuples de la terre

et de ceux qui les gouvernent.

Nous te prions pour les autorités des nations,

afin qu'ils mettent au dessus de tout intérêt

la recherche de la justice et de la paix.

Qu'ils ne l'attendent pas, mais qu'ils oeuvrent pour elles.


La paix, Seigneur, aide-nous à l'établir en nous-mêmes,

non pas comme un armistice ou un compromis,

mais comme une conquête

sur nos faiblesses et nos contradictions.


Réconciliés avec nous-mêmes,

nous irons avec les autres, et nous lutterons

de toutes nos forces contre les privilèges,

l'oppression, le désordre établi,

car il n'y a pas de paix sans justice.


Il n'y en a pas non plus sans amour,

sans reconnaissance de l'autre,

individu, classe sociale, peuple ou race.

Libérés de toute hargne, incapables d'injures,

fais de nous Seigneur,

des hommes de la Réconciliation.


Donne ta grâce par les biens de la paix et de l'amour

et dans tous les pays,

réunis tout ce qui a été déchiré.

- Seigneur, écoute et prends pitié.


Expression des Responsables religieux musulmans :


Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux.

Mesdames, Messieurs.

90 années nous séparent de la 1ère guerre mondiale, malheureusement ce n'est pas la dernière car il y en a eu d'autres jusqu'à nos jours.

Si nous devons en tirer des leçons, notre devoir est de propager l'éducation et la culture de la paix juste et durable.


La paix sans justice est une préparation des autres guerres (c'est à dire : paix imposée par les grandes puissances).

Nous espérons tous une paix juste et durable pour les petites et les grandes nations.

Dieu dit dans le Coran : (Sourate 2, verset 190) "Ne transgressez pas. Certes Allah n'aime pas les transgresseurs".


Le Coran nous enseigne aussi (Sourate 5, verset 8), je cite :

"Oh ! Les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez des témoins équitables). Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l'équité : ceci est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes connaisseur de ce que vous faites."


Et la Sourate 4, verset 58, je cite :

Et quand vous jugez entre les gens, jugez avec équité.


Wassalamou Aleikoum wa rahmatou Ilahi wa barakatou

(Que la Paix et la Miséricorde de Dieu soient avec vous).



Invocation des musulmans :


En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, 
il y a certes des signes pour les doués d'intelligence, Qui debout, assis, couchés sur leurs côtés, 
invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre(disant):
<<Notre seigneur! Tu n'as pas créé cela en vain>>
Seigneur, pardonne-nous nos péchés, efface de nous nos méfaits, 
et place nous, à notre mort, avec les gens de bien.
Seigneur! Donne-nous ce que Tu nous a promis par Tes messagers. Tu ne manques pas à Ta promesse.
(Tirés par les versets 190-194 sourate La Famille d'Imran.)
Seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de commettre une erreur. Seigneur! 
Ne nous charge pas d'un fardeau lourd. 
Seigneur ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter, efface nos fautes, 
pardonne-nous et fais nous miséricorde. Tu es notre maître.
( Tirés du verset 286 sourate Al-Baqarah.)
Oh mon Dieu, c'est toi la paix, descend la paix sur nous 
et qu'avec le rappel de votre grandeur nos coeurs se tranquillisent.
Guide-nous vers le bon chemin et que les Cergyssois et Cergyssoise vivent en paix 
et que nos fils et filles s'éloignent du mauvais chemin et se solidarisent 
pour construire l'avenir de notre ville.


Prière de la Communauté catholique :

En ce jour commémorant la signature de l’armistice qui mit fin à la guerre de 14-18.

Prions pour nos pays d’Europe encore blessés par ces guerres qui les ont opposés.

Prions pour les victimes des conflits divers en tous points de notre planète et pour toutes les populations qui pâtissent des guerres d’aujourd’hui.


Nous retrouver ainsi entre croyants n’est pas seulement une attitude protocolaire sacrifiant à une tradition. C’est un devoir de porter ensemble un cri d’espérance en la paix possible parce que nous voulons la fonder non sur nos limites humaines mais en Celui qui est venu, « Paix de Dieu » pour la terre, Jésus Christ.

Demandons que chaque jour que nous vivons soit porteur de paix et de bonheur.

Tournés vers l’avenir, hommes et femmes d’aujourd’hui, croyants réunis, confions notre monde à la force de l’Amour de Dieu.


Expression des Responsables de la Communauté juive.


La paix par la sainteté et la sagesse.

Dans les commentaires de la Torah les notions de sainteté et sagesse occupent une place centrale.

La sainteté qui nous vient de la Loi est plus élevée que toutes les autres saintetés, et celle qui nous vient de la sagesse est encore plus haute. En effet il n’y a point de loi sans sagesse, ni sagesse sans loi ; c’est dans la sagesse qu’on trouve la loi et c’est dans la Loi qu’on trouve la sagesse :

« Ne va point colportant le mal parmi les tiens : ne sois pas indifférent au danger de ton prochain : je suis l’Eternel. » (Lévitique XIX, 16)

D.ieu nous défend de porter atteinte à la vie de notre prochain, que ce soit par la délation ou la diffamation, ou encore par le faux-témoignage, autant de délits que nous pouvons constater dans la vie courante ;

« Toute médisance, fait d’ordinaire trois victimes : celui qui la profère, celui qui l’écoute et celui qui en est l’objet. » (Bemidbar Rabbah chap 19 §2)

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même, car je suis l’Eternel » (Lévitique XIX, 18)

En fait la Torah ne défend pas seulement de nuire à quelqu’un, directement en lui faisant du mal, mais aussi de manière indirecte si on ne lui fait pas le bien dont il a besoin et qui dépend de nous.


Invocation de la Communauté juive ( prononcée tous les samedis matin ) :


PRIERE POUR LA REPUBLIQUE FRANÇAISE

D'... ETERNEL, MAITRE DE L'UNIVERS, Toi qui a créé les cieux et la terre et dont la providence s'étend à toutes les créatures, bénis et protège la République Française et le Peuple Français.

 

Que la France vive heureuse et prospère, qu'elle soit forte et grande par l'Union et la Concorde, que le rayon de Ta lumière éclaire ceux qui président aux destinées de l'Etat afin qu'ils fassent régner dans notre Pays, la Paix et la Justice.

 

Que la France, berceau des démocraties modernes, mère des Droits de l'Homme, défende en tout lieu le Droit et la Liberté.


Que la Fraternité règne entre ses citoyens de toute confession et que la France reste fidèle à sa tradition de Tolérance et d'Ouverture.


Accueille favorablement nos vœux, que les paroles de nos lèvres et les sentiments de notre cœur, trouvent grâce devant Toi, Ô ETERNEL notre Créateur et notre Libérateur.

AMEN

 
Reconstruction des mémoires : oubli, justice, pardon. Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

Conférence du 9 novembre 2008

Bernard REBER

Centre de Recherche Sens, Ethique, Société

CNRS-Université Paris Descartes


« Ordre de mobilisation pour entrer en paix ! ». Rassurez-vous nous n’en sommes pas encore là. Les mobiles pour une entrée en paix seraient-ils si minces ? Pour qu’on nous fiche la paix, oui, pour signer la paix peut-être. Mais pour entrer en paix comme on entre en politique, en religion... ? Comment entrer en paix, après des conflits aux horreurs indescriptibles, dont les seules traces sont celles de mémoires très lacunaires ? Un objet, la montre d’un grand-père, un récit avec une économie de moyens presque comptés, poli par la répétition, des célébrations un peu trop convenues et souvent hémiplégiques de la mémoire, puisqu’il s’agit d’une monophonie, des cours d’histoire comme se plaint l’un des messages du site.... : « Mais nos enfants. « Pour eux manifestement c’est un sujet historique mais abstrait, au même titre que pour moi les guerres napoléoniennes ».

Quelle stratégie adopter : l’oubli ? La justice ? Le pardon ? Ce sera le triptyque de mon exposé, précédé, d’une fausse ouverture, le cas Haber, et d’une mise en contexte rapide.


Pour stimuler notre réflexion, je vous propose d’aller vers une reconstruction des mémoires en considérant ces 3 directions possibles, en essayant d’explorer jusqu’au bout ce que ces mots, l’oubli, la justice, le pardon, nous invitent à penser, à se représenter, à affronter avec sa rationalité quand le mal est radical, un sublime négatif, ou une négativité sublime, la quintessence du mal, avec ses émotions quand elles nous sautent à la gorge.

Ce sont principalement les mots, oubli, justice, pardon, qui nous servent d’attaches avec l’innommable...

Lire la suite...
 
Devoir de mémoire Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
par Andras Kutasi

J’ai un ami qui a vécu quelques semaines invraisemblables. Il a subi une petite attaque dont il est sorti indemne, sauf pendant cette courte période où il est devenu amnésique. C’était la plus rude épreuve de sa vie, ne sachant plus ce qu’il avait fait hier, ni le nom de ceux qui étaient ‘proches’, sa vie est devenue comme un bateau ivre sans boussole ni gouvernail…. Il est guéri depuis, car il a recouvert la mémoire – ce qui constituait sa vie, son identité, les fibres de sa personnalité….

L’un de mes prédécesseurs, jeune pasteur d’origine allemande fut très sévèrement réprimandé par son conseil d’église, car il n’avait pas voulu ‘célébrer’ le 11 novembre, car pour lui c’était une autre histoire, une autre mémoire, marquée par la défaite et le deuil…. Le vaincu et le vainqueur peuvent –ils se retrouver ensemble pour se souvenir de l’armistice ? – Même si l’histoire nous parle des guerres ou il y a vainqueurs et vaincus, cette histoire n’est jamais vraie sans y inclure l’être, le soldat, l’homme le frère, le père, le grand père ou arrière grand père…. C’est aussi une histoire familiale.

Moi aussi, je viens du côté des vaincus… et je ne changerai pas l’histoire, le vécu comme un drame.

Mon père avait trois ans, lorsque le traité de Versailles a déchiqueté la Hongrie. Deux tiers de son territoire furent détachés pour créer des nouveaux états qui n’existent plus depuis, comme la Tchèquo-Slovaquie et la Yougoslavie. Mon père est né en Transylvanie, région qui composait alors un tiers de la Hongrie et fut détaché pour créer la Roumanie dont elle représente presque la moitié du territoire…et la plus grande minorité de l’Europe. Mon grand père a disparu au cours de ces fameux jours, où leur village fut envahi et la population partiellement décimée, chassée et poussée par de nouveaux propriétaires, à fuir. Il a fallu attendre plusieurs décennies pour reconstruire une partie de sa famille, il ne retrouva qu’un seul frère en Hongrie, un autre en Yougoslavie…il n’a jamais pu retrouver les trois autres.

Et on apprend avec l’histoire de la famille, qu’il y a des choses qu’on ne peut pas dire sur son propre vécu, et ce n’est pas parce que cela ne concerne plus la génération suivante, mais parce qu’elle est indicible…..

Ce n’est qu’en découvrant Verdun, avec ces innombrables croix, silencieux d’une indicible histoire qui couvre comme un ombre, comme un chape de plombe tant d’histoire d’homme et de femmes, de familles …. Que j’ai appris que veut dire empathie, et aussi la volonté de « jamais plus ça »….

Alors, notre mémoire nous pousse à œuvrer pour plus de justice, plus de paix avec autrui.

 
Le journal d'Alphonse Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

Extraits du Journal d'Alphonse, communiqué par sa petite fille, qui garde précieusement un recueil de toutes ses lettres.

Grenoble le 16 janvier 1915
Ma bien chère petite femme,
Je pars sur le front où m'appelle le devoir. Si Dieu me demande une partie de mon sang, je le remercierai. Si, pour le salut de la patrie, il faut que je donne ma vie et que je tombe sur le champ de bataille, je ne pourrais souhaiter une mort plus belle !
Dans ce cas, ma bien aimée, je te confie nos chers enfants.Tu leur parlerais souvent de moi, j'espère qu'ils n'auront pas à rougir de leur père. Fais en des femmes fortes (à ton image ) et des hommes vaillants.
Quant à toi, ma bien chère petite Thé, tu partagerais avec eux ma dernière pensée
Mais, rassure toi, aucun sinistre pressentiment ne m'assiège ! Mais il faut tout prévoir ! Sachant qu'en défendant ma patrie, je défendrai mon foyer, ma famille, je partirai au feu , la conscience nette, le cœur battant un peu plus fort peut-être, mais persuadé que protégé par Dieu , je te reviendrai vivant et victorieux. Et comme tu me le disais souvent dans tes lettres, nous chanterons ce jour là, un fameux Te Deum ...

Vendredi 11 septembre
Nous partons à 9h50 pour Angoulème ...
Dans le train, j'étais à côté d'un jeune musicien du 73 ème qui s'était foulé le pied et qui se trouvé être le neveu de M.Guillement, chef de la musique de Comines. Un blessé du 207 nous raconte comment s'est passé pour son régiment la bataille de Bapaume. Surpris dans le brouillard en formation compacte le régiment fut décimé. Presque tous les blessés sont touchés aux jambes, les blessures généralement peu graves, guérissent très rapidement de l'avis d'un major qui nous cause.
Episode de la bataille de Dinant raconté par un soldat. Un caporal français est pendu par la nuque, par les allemands, à une grille. Se soutenant sur la pointe des pieds, il trouve l'énergie nécessaire pour se tenir ainsi pendant 5h, arrive un belge qui le délivre. Un capitaine allemand fait prisonnier avoue le forfait, il est fusillé. ...

Jeudi 5 novembre
Les nuits passées sur la paille offrent des surprises. Liévin est mon voisin dans la nuit du mardi au mercredi, me réveillant je ne le vois plus près de moi. Au réveil je l'aperçois couché sur deux bancs. Il paraît que la nuit il s'était réveillé deux fois ayant une souris qui lui grignotait la moustache, alors il s'était mis sur deux bans pour éviter cet ennui.
Hier mardi nous sommes partis aux jardins on devait exécuter un manœuvre, l'attaque des tranchées occupées par une autre cie, puis occuper ces tranchées et y passer la nuit. Comme il pleuvait on nous fit cantonner dans une ferme. La nuit une alerte se produisit. Un réserviste au milieu d'un cauchemar cria "au feu" ce fut une débandade générale. J'ai beaucoup ri, car pour moi qui ne dormait pas, je m'étais rendu compte qu'il n'y avait rien. Le spectacle de ces hommes se levant d'un seul bond et se bousculant était drôle. L'un d'eux fut même ému au point de nécessiter un départ immédiat pour...le champ voisin.

Samedi 20 mars
Je viens de passer 2 jours en 1ère ligne, les tranchées ont été arrangées par la compagnie que nous avons relevée et qui a profité du beau temps pour cela. On a mis au fond des boyaux du bois, inscrit sur les cagnas des noms de "villa volupté", où il y a une petite sonnette qu'on tire à l'intérieur des lambris, une suspension pour bougies faite avec une cloche pour la fumée, un fond de boite comme réflecteur et du fil de fer tourné pour bougeoir. Villa x Place Genette. Un petit carrefour, on y a fait un banc et quand on a en face de soi 2 pots de confiture vides dans lesquels on a planté des fleurs. Puis il y a la grande rue etc... La nuit nous avons pris les petits postes à 30 mètres des allemands. J'étais de sentinelle avancé. Pendant 5h couché sur une claie sans bouger. Je n'ai pas eu froid. Mais la seconde nuit même position. Il faisait nuit noire. On ne voyait pas à 1 mètre, il a plu tout le temps. Les yeux ne servaient pas et nous avions l'oreille tendue au moindre bruit, le doigt sur la gâchette du fusil. Un moment nous crûmes à une attaque mais c'était une fausse alerte. Tout se passa bien mais je rentrais dans ma cagna tout transi de froid et d'eau.


Bonjour ma bien chère aimée petite femme. Le beau soleil de printemps qui brille me fait penser aux bonnes journées que nous passions ensemble dans notre jardin, entourés de nos chers enfants. Que ces jours heureux reviennent vite ! Je pense souvent à toi. Tout revit dans la nature, les plantes reverdissent, les petits oiseaux saluent de leurs chants le réveil du soldats dans la tranchée, la nature continue son œuvre de vie, l'homme seul poursuit son œuvre de mort. Quand tout cela finira-t-il ? Hier fête de Saint Joseph, je l'ai bien prié au fond de ma cagna...
Pendant mes heures de sentinelle j'ai pensé souvent à ces malheureux que la mort fauchait ! Que de deuils ! Que de douleur ! Pauvre pays de France ! Combien restera-t-il encore après la guerre de jeunes hommes sains et intacts ? Par cette belle journée, des aéros (5 ou 6 ) sillonnent le ciel bleu et sont salués d'innombrables coups de canons qui font dans le ciel des points blancs s'élargissant et disparaissant en nuage.

Alphonse est Mort au Champ d'Honneur, une balle dans la poitrine, le 10 avril 1916, près du bois de Montmar.


 
Le Congo et les "guerres mondiales" Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

 Témoignage de Charlotte

 A l'époque, mon pays le Congo et ses habitants sous la domination du royaume de Belgique ont participé à cette guerre de 14-18 comme à celle de 40-45, sans savoir ni comprendre les enjeux réels liés à ces deux guerres. La Belgique elle-même, pays neutre, a subi cette guerre à son corps défendant, sans aucun but de guerre.

Pour faire face à l'attaque des ennemis, il a fallu des hommes sur le champ de bataille et au Congo, les combattants ont été puisés dans la force publique, armée coloniale au Congo, composée de soldats congolais et des officiers belges. Nombreux furent tués, capturés, devenus invalides et sujets aux troubles d'ordre psychique. Ces congolais, dressés à l'obéissance et à subir la volonté des maîtres, ont marché sans relellion, comme des moutons menés à l'abattoir. La guerre coûte cher, les richesses minières du Congo ont contribué largement à financer les dépenses matérielles et autres, utiles à la guerre. Mais rien, aucun document, ne permet de mesurer la contribution des congolais à travers leur bravoure, leur sacrifice pour la survie et les intérêts de la Belgique.

En ce qui concerne la RDC (République Démocratique du Congo ), outre ces deux guerres de niveau international, d'autres guerres, soit avec les pays voisins ou des milices ou autres groupes armés, soit des conflits internes, déchirent le pays sans aucune moralité. Ces troubles de tous ordres étant soutenus financièrement et politiquement de l'extérieur, sous des prétextes ethniques, démocratiques ou économiques, sèment la terreur et l'insécurité. Des conditions qui ne favorisent pas la paix, ni le progrès et le développement d'un pays.

La guerre sous n'importe quelle forme reste un fléau, une catastrophe humaine et matérielle, réduisant l'être humain, créé pourtant à l'image de Dieu, à l'état bestial, où la personne agit sans conscience, abat l'autre sans le connaître, sans être son ennemi personnel. L'être humain devient une machine de destruction sans aucun discernement. On le transforme en criminel, acteur et victime de la violence, un être perturbé, sans repère des valeurs fondamentales de la vie et du respect de la vie des autres. Un consommateur des services spécialisés (hôpitaux, services psychatriques, etc.) qui coutent cher à la nation.

La guerre amène donc des pertes sensibles et douloureuses sur le plan humain certes (veuves, orphelins...) mais aussi sur le plan matériel et environnemental aussi bien chez les vainqueurs que chez les vaincus.

La guerre ne permet pas le progrès et le développement des pays qui la vivent.

La guerre humilie et diminue l'homme.

Seule la Paix peut rendre possible l'évolution de la stabilité et la promotion de toutes les autres valeurs telles que la justice, l'égalité, la créativité, la solidarité, la fraternité.

Il nous faut oeuvrer pour l'éducation à la paix, au travers des organismes, associations, gouvernements, qui ont à coeur de construire la paix, base de l'amour fraternel et de mettre en pratique des conditions de vivre ensemble avec toutes nos différences de couleur, de culture, de religion, d'âge, de sexe, de rang social.

Charlotte


 
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