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Textes des représentants des communautés chrétiennes |
Commémoration interreligieuse à Cergy, le 11 novembre 2014
1- Contribution du Père Jean-Marc Pimpaneau, Curé de Cergy, à propos du texte de Jaurès
Faisons résonner quelques mots et
expressions de ce texte de Jean Jaurés.
Comment ne pas adhérer à cet idéal,
… à cette vision si haute de l’avenir humain. En un mot une recherche … d’amour universel.
Nous pouvons nous interroger sur
l’origine profonde de cette recherche d’absolu et
d’harmonie.
Dans notre existence
marquée par l’expérience de la finitude et de la mort, comment
même concevoir l’absolu Dans notre monde marqué dit Jaurés par « l’état de concurrence brutale et de conflit » comment même concevoir l’harmonie si nous ne venons pas de l’Harmonie ? Dans nos vies personnelles animées si souvent par, je cite, « les puissances instinctives » comment pouvoir concevoir l’amour si nous ne venons pas de l’Amour ?
« L’Homme passe infiniment
l’Homme » disait le savant Blaise Pascal. Les Pensées
(Fragments contrariété n°14/14) Jaurés évoque « les hautes possibilités du monde ». Mais d’où viennent-elles ? Et ce sens de la hauteur, d’où nous vient-il ? Ne pouvons-nous pas reconnaître dans nos aspirations les plus hautes, notre origine la plus haute ? Notre humanité peut-elle travailler à un avenir commun si elle ne reconnait pas son origine commune ? En d’autres termes, peut-on imaginer une fraternité universelle … sans concevoir … une paternité universelle ? …
En introduction du moment musical je vous propose d’écouter saint Francois d’Assise
dans
sa quête de paix et de réconciliation
2- Contribution des responsables de l'Eglise Protestante Unie ( E.P.U.) de Cergy
Jean-Charles Riffaud : Président du Conseil pastoral :
"Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?" chantait Jacques Brel. Le 28 juin 1914, un nationaliste serbe, Gavrilo Princip, assassine l'archiduc d'Autriche. François-Ferdinand avait le projet de créer un royaume slave dans l'empire d'Autriche-Hongrie : libérer, fédérer les peuples. Ce rêve doit être assassiné. Les passions se déchaînent. Après les guerres balkaniques de 1912 et 1913, où la Serbie, armée par la France, a battu la Turquie puis la Bulgarie, les gouvernements pensent la guerre comme une solution. Jaurès, orateur, avocat, député, journaliste, écrit et parle contre la guerre, pour la réconciliation entre Allemands et Français. Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Le 31 juillet, à la terrasse d'un café parisien, Jaurès est assassiné par un nationaliste, Raoul Villain. Jaurès est-il le premier mort français de la guerre ? Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.
"Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" disait Jésus lorsqu'ils le crucifièrent (Evangile de Luc, chapitre 23, verset 34).
Raoul Villain ne savait pas ce qu'il faisait. La propagande désignait Jaurès comme un traître à la nation, un "Boche" !! Les chefs de l'armée croyaient que la guerre durerait trois semaines. Tous étaient inconscients, incapables d'imaginer le désastre, la destruction de la civilisation, deux guerres mondiales, les totalitarismes communistes, fascistes, nazi, les génocides des Juifs et des Tsiganes - puis, plus tard, la guerre de Yougoslavie. La mort et la honte. Incapables aussi d'imaginer ou de penser la réconciliation entre Français et Allemands, et l'évolution en profondeur du peuple allemand et de ses gouvernants chrétiens vers la démocratie, la paix, la construction européenne. Jaurès, le prophète, a eu raison trop tôt. Pardonner aux assassins, Gavrilo Princip, Raoul Villain, prier pour les assassins ? Ce peut être perçu comme un scandale ou une folie. Mais travailler et prier pour la réconciliation entre les peuples, pour la Paix, c'est le seul chemin de vie. L'autre chemin, le chemin de la mort, c'est désigner comme ennemi l'autre, l'étranger, celui qui ne parle pas ou qui ne prie pas comme nous ; c'est répéter, génération après génération, la peur, la colère, la vengeance, l'assassinat, la guerre.
Après Jaurès, parlons et prions pour la paix. Pardonnez-moi si je prie pour demander à Dieu s’il peut pardonner à Raoul Villain et Gavrilo Princip, car ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Avec vous, à vos côtés, en votre compagnie, chers concitoyens de toutes croyances, de toutes religions, nous prions le Seigneur, qu'Il nous inspire des pensées, des actes, une vie pour la Paix.
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