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* Administrateur de Religions pour la Paix
Recteur honoraire de l’I.C.  de Toulouse
Professeur à l’Institut Catholique de Paris

 

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Mémoire de la guerre de 1914-1918 en Afrique Orientale Allemande. Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
PAR AUGUSTIN NSENGIMANA.

  Complément d'explication sur le passage du système clanique au système ethnique, Cliquer ICI


I-  Les colonies allemandes en Afrique ; (voir la carte)

Avant la première guerre mondiale, l’Allemagne possédait des colonies en Afrique.

En Afrique de l’Ouest : le Togo et le Kamerun (Cameroun sous son appellation actuelle)

Au Sud Ouest de l’Afrique : la Namibie, située le long de la côte de l’Océan Indien

En Afrique orientale : le Tanganyika (l’actuelle Tanzanie), l’Urundi, actuellement le Burundi, ainsi que le Ruanda, les 2 derniers territoires formant un ensemble administratif dénommé Ruanda- Urundi, avec comme capitale Usumbura.


Comme on le voit, de par leur situation géographique, tous ces territoires allemands étaient d’un intérêt stratégique évident : ils se trouvaient en effet, ou bien à proximité de l’Océan Atlantique, ou bien près de l’Océan Indien, ou bien traversés par des lacs: les lacs Tanganyika et Victoria. Donc, ces territoires avaient d’importants ports, extrêmement intéressants des points de vue commercial et militaire, ce qui n’a pas manqué d’attirer, me semble-t-il de la convoitise des autres puissances coloniales de l’époque.


II-  La guerre proprement dite en peu de mots


La guerre 1914-1918 en Afrique orientale opposait 2 camps :


  • D’un côté l’Allemagne

  • De l’autre, 3 pays de l’Entente : l’Angleterre ; la Belgique, et le Portugal qui avait le Mozambique anciennement comme Rhodésie du Sud où durent se replier tactiquement les troupes allemandes à un moment donné », comme on le verra par la suite.

Les combats en Afrique orientale Allemande débutent en Août 1914. En effet, c’est exactement le 15 Août 1914 que les troupes Allemandes stationnées au Rwanda- Urundi bombardent des villages situés au Congo Belge voisin.

Et le 22 Août, un navire de la marine Allemande ouvre, à partir du lac Tanganyika, le feu sur le port congolais d’Albertville, actuellement Kalémie.


Au cours de cette même année 1914, l’Allemagne mène aussi la guerre sur un autre front : elle fait des raids au Kenya et en Ouganda en utilisant sa flotte militaire sur le lac Victoria.


La guerre continue en 1915 sur ces fronts. Jusque là , l’Allemagne fait subir des revers à l’ennemi. Et aussi bien du côté allemand que du côté des pays de l’Entente, on consolide ses positions et on augmente les effectifs. Mais la supériorité en nombre chez les alliés, à ce moment-là ne fait aucun doute, ce qui contribue grandement à changer le cours des choses l’année suivante. Les choses vont vite en 1916 et cette fois à l’avantage des alliés.

Le 6 Mai 1916, les alliés prennent Kigali. Pendant ce temps, les Allemands résistent tant bien que mal à Usumbura qui néanmoins est capturée par les pays de l’Entente le 06 Juin 1916. A partir de cette date, le Ruanda-Urundi est occupé.


Dans le Tanganyika, l’actuelle Tanzanie, des villes tombent, une à une, dans les mains des pays de l’Entente : Biharamuro, Mwanza, Karema, Kigoma, Ujiji et finalement Tabora, capitale administrative de toute l’Afrique orientale allemande.

Les troupes Allemandes se replient alors vers le Mozambique Portugais (Rhodésie du sud) et atteignent même la Rhodésie du Nord (Zimbabwe) en Août 1918.

Finalement, les officiers Allemands qui dirigeaient les opérations en Afrique de l’Est durent signer la paix avec les Alliés le 13 Novembre 1918, soit 2 jours après la signature de l’Armistice en Europe.


Au cours de l’année suivante, plus exactement en date du 28 Juin 1919, le Traité de Versailles vient entériner la fin de l’Empire colonial Allemand. 

 

III- Le Traité de Versailles et le partage des colonies en Afrique

Le Traité de Versailles de 1919 accorde :

  1.  
    1. A la France : une grande partie du Cameroun et du Togo

    2. A la Belgique : le Ruanda-Urundi

    3. Au Royaume- Uni qui garde également son vaste empire : a) les territoires Camerounais et Togolais non administrés par la France

b) la Namibie

 

IV Vestiges de la colonisation Allemande : le cas du Burundi


Le Traité de Versailles a distribué les colonies Allemandes aux pays alliés. Les Belges ont hérité du Ruanda-Urundi n’ont pas tout effacé de l’œuvre colonisatrice Allemande. Il est resté des vestiges, visibles encore aujourd’hui


1° Vestiges de l’œuvre missionnaire Catholique


Sous protectorat allemand, l’Eglise missionnaire Catholique au Burundi dépendait du Vicariat de l’Unyanyembe (Tanzanie). Pour les missionnaires Allemands, puis Belges, la méthode consistait à commencer par baptiser, conquérir l’âme des chefs, comme cela le peuple allait suivre.

Rien d’étonnant donc que les colons Allemands et Belges aient fait de l’Eglise leur allié privilégié.


En fait la véritable influence des Allemands fut que, dès leur arrivée au Burundi, ils ont favorisé l’implantation de l’Eglise Catholique qui, en tant qu’alliée du pouvoir politique allait prendre la direction des 2 secteurs clé à savoir l’Enseignement et la Santé, et connaître par la suite un immense succès social


Pendant le bref séjour des Allemand au Burundi, des églises ont été érigées, qui sont toujours debout et font actuellement la fierté des Barundi. Ce sont :

  1. L’Eglise Catholique de Muyaga, dans le sud Est, construite en 1898

  2. L’Eglise Catholique de Buhonga, près de Bujumbura, construite en 1902

  3. L’Eglise Catholique de Kanyinya, dans le Nord Est, près du Rwanda, construite en1906

  4. L’Eglise Catholique de Rugari au Nord Est, non loin de la frontière avec la Tanzanie, construite en 1909


Toutes ces Eglises, vestiges de la colonisation Allemande, sont toujours là.

Il n’y a que la fondation éphémère de l’Eglise de Buhoro, commencée en 1911, qui fut abandonnée à cause de la guerre, Buhoro se trouvant à proximité de la frontière du Burundi avec le Congo, dans la province de Cibitoke, où se trouve le Cimetière Allemand.


2° Le Cimetière Allemand de Cibitoke


  Dans la province de Cikitoke (Nord Ouest du Burundi) frontalière avec le Congo, se trouve le Cimetière des Allemands tombés sur le champ de bataille pendant la bataille décisive de 1916, qui a opposé forces Allemandes et forces alliées, comme nous l’avons vu dans les pages qui précèdent..

Il est intéressant de noter que presque tous les Allemands, lorsqu’ils se trouvent de passage au Burundi, sentent le devoir d’aller se recueillir à cet endroit, chargé de symboles, surtout pour eux, et situé à environ 45 minutes de Bujumbura la capitale.
 

3° La Faille aux Allemands à Nyakazu

  Image
La fameuse Faille aux Allemands se trouve à Nyakazu, dans la province de Rutana, au Sud Est du Burundi, non loin de la frontière avec la Tanzanie.

En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, Nyakazu était un poste militaire allemand construit pour contrôler toute la partie orientale du pays. Le plateau de Nkoma sur lequel il a été édifié aurait été, dit-on, "entaillé par les bottes des soldats allemands en fuite devant les forces belges" d'où l'appellation de "faille aux Allemands".

Depuis le départ des allemands, le site de Nyakazu, devenu un site historique, est surtout utilisé par l’armée pour passer les épreuves du brevet commando.

Les Eglises majestueuses construites par les Allemands, le Cimetière des Allemands de Cibitoke, la Faille aux Allemands de Nyakazu, sont des vestiges historiques visibles à l’œil nu.

Mais il existe un autre vestige historique, peut–être moins visible pour un visiteur étranger se rendant au Burundi pour un bref séjour. C’est le fameux recensement ethnique des Allemands de 1889.

            Le recensement ethnique des Allemands au Ruanda-Urundi en 1889

L’organisation sociale dans le Burundi et le Rwanda traditionnels était une organisation clanique. Il existait à l’époque à travers le Burundi environ 200 clans (en tout cas plus de 100).

Les gens disaient : « On va rendre visite aux voisins Bega, Banyakarama, Bajiji, Bahanza, Benengwe, Bahima, Banyagisaka, Batimbo, Batondo, Bakozano …», etc….etc….

Ces clans existent encore aujourd’hui mais le facteur ethnique a pris le dessus sur le facteur clanique : on pense en termes d’ethnies.

Les Allemands ont mis fin au modèle d’organisation clanique en procédant à un recensement ethnique et selon un critère économique : quiconque possédait 10 vaches ou plus était tutsi et quiconque possédait moins de 10 vaches était hutu. Ce qui fait qu’à partir de ce recensement, les allemands ont classé les Barundi en 3 ethnies et dans les proportions suivantes :

  • 85% de Hutus

  • 14% de Tutsi

  • 1% de Twas (ethnie minoritaire composée de personnes ne voulant pas s’intégrer, repliées sur elles mêmes et exerçant le métier « méprisable » de potier, d’après les colons Allemands).

    Cette ethnisation s’est maintenue et même exacerbée au cours des temps surtout avec l’institutionnalisation, par l’autorité coloniale Belge en 1934, du port obligatoire de la carte d’identité nationale.

    Mais même avec la suppression du port obligatoire de la carte d’identité ethnique, décidée après le départ des Belges, les Burundais restent plus que jamais divisés en 3 ethnies et collés aux résultats du premier et dernier recensement ethnique de 1889, soit 120 ans après. Ils sont restés 85% Hutus, 14% Tutsi et 1% Twa. On comprendra alors où se trouve la principale origine de la guerre ethnique que se mènent actuellement les frères Burundais.

 


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