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11-11-2017 |
Commémoration interreligieuse du 11 novembre 2017
Le thème choisi pour 2017 est "La Fraternité pour la Paix" Affichage : "La Règle d'or, dans toutes les religions".
Le déroulement est le suivant : Chaque responsable religieux ou responsable de communauté s'exprime sur le thème. La Fraternité dans le Judaïsme La Fraternité pour la Paix, par le Père JM Pimpaneau, curé de Cergy. La Fraternité humaine en Islam. La Fraternité pour la Paix, pour les Protestants Unis. La Fraternité pour la Paix, dans le Bouddhisme
Puis Déclaration Commune, composée et lue par les Responsables religieux. 1- La fraternité dans le Judaïsme La fraternité est un terme fondateur dans la Torah et dans la Genèse en particulier. Plusieurs histoires sur ce thème sont rapportées : rencontres réussies ou non réussies entre deux frères ou entre plusieurs frères.
La fraternité est un thème universel dans la tradition juive et se traduit par ce postulat : " Toute proximité est dangereuse. Il faut apprendre à construire cette fraternité au sens moral et éthique du terme. " Celle–ci n'est pas innée, elle s'apprend. Il faut se conditionner à vaincre la haine, à la transmuter en amour comme dans l'histoire de Joseph et ses frères. Pour dire "l'un à l'autre", l'hébreu dit littéralement "un homme à son frère". Pour la Torah, la fraternité est donc ce lien de similarité qui nous unit l'un à l'autre. Tous les êtres qui se ressemblent sont liés par un rapport de fraternité. Les histoires de fraternité ratée dans la Bible nous donnent les clefs pour comprendre comment réussir cette fraternité : l'acceptation du frère, l'acceptation de la différence de cet autre qui nous ressemble tant. La fraternité devient une vertu, une qualité positive, un chemin vers la réalisation de la créature vers son créateur. Etre frère, c'est être semblable tout en étant différent. L'altérité de notre frère, au lieu de nous agresser, doit nous enrichir à tous les niveaux. En approfondissant la direction donnée par la Bible, la tradition rabbinique veut nous amener à comprendre que notre relation de fraternité ne s'arrête pas seulement à notre prochain juif, mais à tout être humain. Un midrash (commentaire en hébreu) rapporté par le Talmud dit : "A ce moment, (après la traversée de la Mer Rouge), les anges voulurent dire un chant de joie devant Dieu. Il leur dit : " Les œuvres de mes mains se noient dans la mer, et vous voulez dire un chant ?". L'amour est un acte divin. Aimer fraternellement l'autre, c'est réaliser sa propre nature divine et la reconnaître chez l'autre. L'amour fraternel envers l'autre est une constante de la Torah : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" –. De même :"Vous aimerez l'étranger, car vous avez été étrangers en terre d'Egypte." Cela même est l'essence du message biblique, comme il ressort d'une histoire talmudique sur Hillel l'Ancien: Quelqu'un demanda à Hillel de résumer la Torah en se tenant sur un seul pied. Celui-ci dit alors : "ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain. Ceci est la Torah, tout le reste n'est que commentaire." Le message d'Hillel, de ne pas faire aux autres ce que l'on ne veut pas qu'on nous fasse, n'est que la version plus accessible du Commandement d'aimer l'autre comme soi-même. L'autre est un autre moi-même ; quand j'aime l'autre, en fait je m'aime. Nuire à son prochain, c'est nuire à soi-même, c'est nuire à la Présence divine. Au niveau de la fraternité religieuse, il existe plusieurs voies, toutes vraies ; et la vérité de l'une n'entraîne pas la non-vérité de l'autre. Au niveau de Dieu, toutes les vérités révélées sont vraies et toutes coexistent en Lui et par Lui. Les religions sont toutes dignes d’un égal respect : aucune n'est supérieure ou inférieure à l'autre, juste différente. Notre voie à nous Juifs, celle de notre Torah, n'en est qu'une parmi de nombreuses autres, toutes dignes de notre respect. La fraternité est quelque chose que l'on vit au quotidien. On se sent impliqué par tout ce qui arrive à nos frères humains. Il est très important d'aider les autres – juifs et non juifs, hommes et femmes- par tous les moyens que Dieu nous a donnés, chacun à sa petite échelle. C'est la vraie fraternité : aimer l'autre bien qu'il soit différent, parce qu'au fond c'est un autre moi-même. Du point de vue mystique, Dieu aurait pu faire que je sois cet autre-là. En ce qui concerne les vertus, comme dans la bénédiction nuptiale, pour la Torah, tout est lié: la fraternité, l'amitié, l'amour, la paix. Comportons nous avec notre frère, quel qu'il soit, comme si nous étions devant la Présence divine, pour que se réalise en nous ici-bas le verset des Psaumes : " Qu'il est bon et qu'il est agréable lorsque des frères vivent ensemble." La musique que vous allez entendre est un chant sur le thème de Chabbat, et c’est aujourd’hui samedi. Le Chabbat est comparé à une reine que la communauté juive accueille le vendredi soir lors de l’office à la synagogue en se : tournant vers la porte d’entrée.
Raasche, Jewish Folk Songs of Europe. Shabos Ha-Malka
Traduction du Chant « Quand le soleil disparaît derrière la cime des arbres, Venez, rassemblez-vous pour accueillir la Reine Chabbat, Voici elle descend, sainte et bénie, Accompagnée des anges de la Paix. Viens, viens Ô Reine, Viens, viens Ô fiancée, Reine Chabbat, Bienvenue à vous, anges de la Paix »
2- La Fraternité, par le Père Jean-Marc Pimpaneau, Curé de Cergy.
« La fraternité pour la Paix » Nous voulons aujourd’hui faire mémoire de l’armistice de la guerre de 1918 et plus encore honorer la mémoire des 18,6 millions de morts, d’invalides et de mutilés causés par cette guerre dont 8 millions de civils. En tant que responsables ou représentants des communautés religieuses présentes sur Cergy notre manière de le faire est de puiser dans chacune de nos religions les raisons profondes de vivre la fraternité « une fraternité pour la Paix ». Nous voulons aujourd’hui exprimer que nous contribuons - chacun à notre manière - à construire une fraternité au service de la paix.
1 – Le grand commandement Quand on demande à Jésus quel est le plus grand commandement, il répond (Mc 12,28-34) en rassemblant le commandement de l’amour de Dieu du livre du Deutéronome (Dt 6,5-9) et le commandement de l’amour du prochain du livre du Lévitique (Lev 19,18). Cette association fondamentale, unifie et coordonne ce qui peut facilement être dissocié et même opposé. L’amour de Dieu est premier : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme et de tout ton esprit ». Le second lui est semblable dit Jésus : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » Cette association reste fondamentale pour toutes nos religions. Nous ne pouvons pas opposer l’amour de Dieu et l’amour de nos proches car il n’existe qu’un seul Dieu et que nous-mêmes, nous n’avons qu’un seul cœur. L’unicité de Dieu et l’unicité de notre cœur nous fait puiser dans la même énergie l’amour de Dieu et du prochain. 2 – La vie de Jésus : un témoignage en actes L’enseignement et le témoignage de vie de Jésus poussent aussi très haut et très loin les perspectives et les exigences de l’amour jusqu’à aimer nos ennemis. Mt 5,44 L’amour est ainsi perçu comme une force universelle inconditionnelle. C’est une force non-violente qui s’apparente à l’énergie du bien. Les philosophies et les méthodes d’action non-violentes ont montré que la force universelle de l’amour était seule capable de vaincre les formes individuelles et collectives du mal. C’est cette force du bien qui nous pousse à dialoguer dans un esprit de fraternité et à agir ensemble dans le sens de la justice de la paix. C’est elle qui porte le dialogue et l’action commune entre religions 3 – La responsabilité des religions pour construire une fraternité pour la paix Le 30 Septembre 2013, à l’occasion de son discours lors de la rencontre internationale pour la paix organisée à la communauté San Egidio : « La paix exige un dialogue tenace, patient, fort, intelligent, pour lequel rien n’est perdu» « …En tant que responsables des différentes religions, nous pouvons faire beaucoup. La paix est notre responsabilité à tous. Prier pour la paix, travailler pour la paix ! Un chef religieux est toujours un homme ou une femme de paix, parce que le commandement de la paix est profondément inscrit dans les traditions religieuses que nous représentons. La paix exige un dialogue tenace, patient, fort, intelligent, pour lequel rien n’est perdu. Le dialogue peut vaincre la guerre. Le dialogue fait vivre ensemble des personnes de différentes générations, qui s’ignorent souvent; il fait vivre ensemble des citoyens de diverses origines ethniques, de convictions différentes. Le dialogue est la voie de la paix ; parce que le dialogue favorise l’entente, l’harmonie, la concorde et la paix. C’est pour cette raison qu’il est vital qu’il grandisse, qu’il s’étende aux personnes de toutes conditions et convictions comme un réseau de paix qui protège le monde et surtout qui protège les plus faibles….» Père Jean-Marc Pimpaneau, curé Musique : LE VENT souffle où il veut, Interprété par l'ensemble vocal l'Alliance. Evangile selon Saint Jean, 3,8.
https://www.youtube.com/watch?v=igHCBrSA2F0
3- La fraternité humaine en Islam par l'Imam de Cergy, Dahmane Yelles.
par Dominique Davoise
Très chers sœurs et frères en humanité.
En partant de l’axiome qu’en notre XXI ème siècle nous n’avons qu’un seul univers, voire, qu’une seule terre à nous partager entre plusieurs milliards d’êtres humains. La question qui semble se poser touche à notre gestion de cet univers, dont nous sommes colocataires, et dont il serait erroné de nous croire propriétaires. De cette question en découle beaucoup d’autres… Parmi celles-ci : La cohabitation dans ce territoire qui à l’heure où nous parlons n’est pas extensible. Il serait dangereux de ne laisser ou de la déléguer, cette organisation de la cohabitation, à un seul système de pensée : qu’il soit historique, politique, psychologique etc… et en particulier à la référence à la mode, l’économique. Le religieux a son mot à dire ! Et il me semble sain de ne pas accorder à l’un plus qu’à l’autre de ces modèles une primauté sur les autres moyens de réfléchir l’humain. D’où une deuxième question qui se pose à nous croyants : en quoi notre foi est-elle un apport à cette organisation du monde, de la société ? Parler d’une seule voix, adhérer à une pensée unique, certes non ! Mais plutôt parler de sa place et par les apports de nos différences, donner de la cohérence, des repères à une société en demande. A une société qui se cherche. Pour ce faire, nous pouvons mettre sur notre table de travail commune notre « boîte à outils » personnelle et peut-être nous prêter mutuellement ce qui nous permet de nous tenir debout et d’avancer même si le vent qui souffle nous semble contraire. Pardonnez-moi de me répéter mais ma vision du monde est comme ces jardins ouvriers où chaque jardinier fait visiter son bout de terrain à son voisin ; échange ses recettes et ses semences, avec l’espoir que ce voisin aura la même attitude bienveillante. Il est temps maintenant de vous ouvrir ma boîte de l’Eglise Protestante Unie de France. Tout d’abord une phrase de Vladimir Jankélévitch « La tolérance est un moment provisoire, elle permet à ceux qui ne s’aiment pas de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s’aimer. » Et comme le dit Saul de Tarse, l’apôtre Paul, Saint Paul, selon les confessions, l’un des fondateurs du Christianisme 1: « Quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. » Le but c’est l’amour entre les humains, le moyen c’est la tolérance. Tolérance au nom même de la fraternité, selon cette phrase qui m’est chère d’Albert Camus : « Le crime est différent si c’est ton frère qu’on a tué ou ton frère qui a tué ! » La contribution protestante à notre réflexion je la tire de la nouvelle profession de foi de l’Eglise Protestante Unie : « L’Église protestante unie de France le proclame avec les autres Églises chrétiennes. Sur la lancée de la Réforme, elle annonce cette bonne nouvelle : Dieu accueille chaque être humain tel qu’il est, sans aucun mérite de sa part. Dans cet Evangile de grâce, au cœur de la Bible, se manifeste l’Esprit de Dieu. Il permet à l’Église d’être à l’écoute des textes bibliques et de se laisser conduire par eux au quotidien. » Maintenant je vous propose en conclusion de tenir compte que la frontière ne passe pas entre nous, ni entre nos fois, ni entre le nom que nous donnons au Créateur, ni à la façon dont s’exprime notre pratique religieuse, ni même à notre référence ou non au Livre. La frontière passe entre la capacité ou non que nous avons à admettre des avis différents du nôtre : A accepter que nos pensées ne soit pas les pensées de Dieu nos voies ne soient pas ses voies2. En bref la frontière sépare la tolérance du fondamentalisme qui lui n’accepte pas, non pas la remise en cause de la vérité de sa foi, qui elle est par principe éminemment respectable, mais la contestation de son appréhension de la foi qu’il prétend défendre, et cela dans toutes les croyances religieuses, protestantisme compris. C’est l’existence de cette frontière qui fragilise l’universalité de la pensée religieuse…
Introduction au chant : Quand les hommes vivront d'amour.... (« Les trois grands ») https://www.youtube.com/watch?v=cZfDRQ_kKOw
La fraternité humaine est une réalité : des frères peuvent avoir des relations distendues, ils n'en restent pas moins des frères. Qu'ils vivent cette fraternité est une espérance, pour certains une utopie, une folie. C'est pourtant un élément de notre foi, or la foi, c'est la réalité de ce qu'on espère, l'attestation de choses qu'on ne voit pas. » Ou peut-être pas encore.... Quand les hommes vivront d'amour.... 1 1 cor 13 2 et 3 2 Esaïe 55-8
5- La Fraternité pour la Paix, dans le Bouddhisme, par Isabelle Vincendon, responsable du Centre Culturel Bouddhiste de Cergy. Il y a environ 2600 ans, Le Bouddha a obtenu l'éveil. Il a ensuite passé le reste de sa vie, à partager son expérience du chemin spirituel. A sa suite, les maîtres transmettent à leurs disciples les méthodes qu'ils ont eux même mise en pratique. Ainsi, Shantideva, un grand saint et érudit indien inspire avec ses vers depuis le VIIième siècle, les pratiquants dans le monde entier. En voiçi un extrait :
« Si l'on considère les bras et les jambes Commes les membres du même corps, Pourquoi ne considère-t-on pas les êtres Comme les membres du monde? » Shantideva
Lorsque
l'on marche sur une épine, la main se baisse pour la retirer du
pied. La maim n'hésitee pas. Elle ne pense pas : « Pourquoi le pied
ne le fait-il pas ? Cela me coute de l’aider. » Pourquoi la main
aide-t-elle le pied si naturellement? Parce qu’lls font partie de
la méme unité, le corps.
Nous Bouddhistes, avons conscience que nos habitudes, et nos tendances naturelles, nous poussent à l'égoisme mais nous comprenons que cette attitude est en désaccord avec la réalité. Et comme le dit si bien Shantideva De même que par habitude, J'applique l'idée de moi à ce corps dénué de moi, Pourquoi, par habitude également, Ne l'appliquerais-je point aux autres êtres?
Méditation :
Des lors que les autres et
moi-même,
Musique : https://www.youtube.com/watch?v=_xQAEJfCka4 Sutra du cœur – Prajna Paramitha Hridaya.
Puis les responsables se lèvent et lisent une déclaration commune, de façon alternée.
Responsables religieux de Cergy, au nom de nos communautés,
Nous sommes rassemblés autour de notre croyance commune en un Souffle et une transcendance.
Nous nous appuyons sur une foi qui conduit notre vie et sur la morale qui en est issue.
Nous déclarons à la lumière de notre foi que les liens entre les humains sont régis par les principes
d'égalité et de fraternité, principes promus par la République française.
L'autre mérite d'être traité comme un autre moi-même.
Quelle que soit notre foi, elle confirme ce principe.
La fraternité ne crée pas un lien de domination entre nous et l'autre.
Elle nous invite à partager nos convictions en respectant les valeurs de l'autre.
Nous voulons construire avec ce frère et cette sœur en humanité, semblables et différents à la fois,
un monde harmonieux où chacun a sa place, dans le respect de la diversité et la tolérance. ----------------------------------------------------------- Des jeunes viennent les rejoindre et lisent avec eux.
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