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Ceci fait aussi de l'HISTOIRE ! |
de Maurice BLIN - Rennes le 29 Août 2008. Mon père, né en 1895, à Miniac-Morvan (Ille-et-Vilaine) a fait la Grande Guerre dans sa totalité. Il a été blessé trois fois et a eu la chance de rentrer chez lui, vivant. Je suis né en 1926 et j'ai donc pu l'entendre - quand j'ai eu l'âge de raison - raconter ses "mémoires de guerre" si je puis dire. Il était Directeur d'école libre et responsable d'une association d'anciens combattants (UNC) dans une petite commune bretonne. C'est surtout entre eux qu'ils se rappelaient ces années passées dans les tranchées. A la maison, il était plus discret. Cependant un de ses récits est resté marqué dans ma mémoire jusqu'à ce jour. Écoutez plutôt: "Nous étions à Verdun dans une tranchée à quelques centaines de mètres de l'ennemi. Nous les entendions parler et ce devait être la même chose pour eux. Un plan d'eau nous séparait. Un soir, la nuit tombée, je suis allé avec un camarade pour puiser de l'eau et nous nous sommes trouvés face à face avec deux " boches" qui venaient faire la même chose. Notre réaction première a été de faire rapidement demi-tour lorsque nous avons entendu une voix s'exprimant dans un français très accentué. "L'eau est à tout le monde, camarades. Ne craignez rien de notre part. Bonne nuit, camarades". Abasourdis, nous n'avons su que répondre Bonne nuit également. De retour dans notre tranchée, nous nous sommes posés la question: " Que faisons-nous ici, les armes à la main? Et on va s'entretuer sans scrupule si l'ordre nous en est donné.
Rencontre », sculpture de Josef Fromm dans le parc du Rhin, Kehl/Allemagne
En 1956, je me trouvais à
Offenbourg, militaire de carrière, et mes parents sont venus
passer quelques jours avec nous. Ma mère est venue, après
hésitation, n'ayant pas envie de passer cette "sale
frontière"; mon père, lui, n'avait qu'une pensée
en tête: Venir chez les "boches". Je lui conseillais
d'éviter ce vocabulaire durant son séjour.
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