Voici le message adressé par Noureddine Chafaï, au nom de Souffle et chemins, aux responsables de la Synagogue de Saint-Ouen-L'Aumône, suivi de la réponse des responsables de celle-ci.
Mesdames,
messieurs nos amis(e) de la communauté juive.
Les
quatre co-présidents représentant les différentes religions et les
membres de l’association « souffle et chemins » sont consternés
devant la montée de l’antisémitisme dans notre pays, vous
témoignent leur sympathie et leur soutien.
Nous
condamnons ces graves atteintes à l’intégrité physique et morale
des personnes, seulement parce qu’elles pensent différemment.
Ensemble
nous devons combattre les affres du racisme, de la xénophobie et de
l’antisémitisme.
Nous
appelons les pouvoirs publics et surtout le parlement à légiférer
en durcissant les lois afin de sévir contre ces barbares qui veulent
semer la discorde entre les composantes de notre nation.
Plus
que jamais nous devons rester unis face à ces attaques d’un autre
temps, en renforçant le « vivre ensemble » et en favorisant la
connaissance et la reconnaissance de l’autre.
Le
co-président de « souffle et chemins ».
Noureddine
CHAFAI.
Président
de la Fédération Musulmane de Cergy
Réponse
de la Communauté de la Synagogue de Saint-Ouen l'Aumône.
Bonjour
Noureddine,
Je
vous remercie, vous ,ainsi que tous les co-présidents et membres de
Souffle et Chemins, pour votre témoignage de sympathie envers la
communauté juive en cette période douloureuse.
Les
membres du Comité Administratif de la communauté juive de
Cergy-Pontoise/ Saint Ouen l'Aumône se joignent à moi pour vous
adresser leurs remerciements.
Les
événements auxquels nous sommes confrontés actuellement ne peuvent
que conforter notre volonté de poursuivre nos efforts pour le
vivre ensemble dans le respect de nos différences: c'est bien la
mission que poursuit Souffle et Chemins.
Crise des Gilets Jaunes :
les différentes religions rassemblées sur Cergy soutiennent
l’initiative de la Conférence des évêques de France invitant à un
travail de réflexion de l’ensemble de nos concitoyens sur les raisons du
malaise actuel qui se reflète depuis plusieurs semaines dans le
mouvement des gilets jaunes.
Ils appellent à réfléchir ensemble, à partir descinq
questions suivantes :
quelles sont, selon vous, en
essayant de la hiérarchiser, les principales causes du malaise
actuel et des formes violentes qu'il a prises ?
Qu'est-ce qui pourrait permettre
aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie
prenante des décisions politiques ?
Quels sont les lieux ou les corps
intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
Quel « bien commun »
recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les
tourner vers l'avenir ?
Quelles raisons d'espérer
souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?
Il s suggèrent de transmettre les
réponses à nos élus.
Les textes des interventions des responsables religieux et les musiques choisies, lors de la commémoration interreligieuse du 11 novembre 2018 sont accessibles sur cette page, ci-dessus, dans "dernières nouvelles".
Les textes des 11 novembre des années précédentes sont tous présents sur ce site.
Depuis 15
ans, lors de chaque 11 novembre, nous voulons faire mémoire des
victimes des guerres, du sacrifice de personnes de toutes origines,
tous pays, toutes religions.
L'association
Souffle et chemins organise une commémoration interreligieuse avec
les responsables religieux de la ville de Cergy, juifs, musulmans,
bouddhistes, catholiques et protestants,
Pour cette
année particulière, le 100e anniversaire de l'Armistice, le thème
choisi est le suivant :
« Pas de paix
durable sans transformation ? »
°
La fin de la guerre de 14-18 a été un fiasco total…
Après
une véritable boucherie, il y a eu des tas d’autres conflits, plus
localisés…
Des pays ont été « charcutés », se
sont vus imposer des nouvelles frontières ne correspondant pas à
grande chose, pour répondre à des considérations, des intérêts,
occidentaux… ce qui a engendré des frustrations, des sentiments
d’humiliation, qui ont largement contribué à ces autres conflits
et à la guerre de 39-45.
° Quelles leçons pouvons-nous en
tirer ?
Les solutions ne sont-elles pas la compassion, la
justice ? Elles font appel à la transformation personnelle, qui
peut permettre une transformation de la société. C’est un effet
« cercle vertueux ».
Il y a nécessité d’un
véritable travail sur soi, qui entrainera une véritable cohérence
entre les mots et les actes, entre le dire et le faire… Il faut
parvenir à une véritable sagesse intérieure…
Cette
commémoration inter-religieuse aura lieu le Dimanche11 novembre 2018, de 8h45 à
9h30, à la Mairie de Cergy-Village,
avant
les cérémonies civiles, en présence des autorités civiles et des
anciens combattants.
Compte-rendu de la
conférence sur la bioéthique du 8 avril 2018
à Visages du Monde,
CERGY
Les personnes qui souhaitent recevoir l'enregistrement-son complet de la soirée peuvent le demander à
( 139 Mo).
Après l'accueil par André Bel,
modérateur de la soirée,
Présentation de l'association
organisatrice : Souffle et chemins, association loi 1901 de
Cergy.
Puis présentation des responsables
religieux/ resp de communautés de Cergy ( juifs, catholiques,
musulmans, protestants, bouddhistes )
et Mot d'introduction par Jean-Paul
Jeandon, Maire de Cergy, :
qui a soutenu activement cette soirée
et qui l'introduit en soulignant l'importance de l'échange et de
l'acceptation des différences, contre tous les extrémismes.
Présentation des intervenants :
- M. Jean-Paul WILLAIME,
Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, pour
l'exposé général, puis pour le point de vue des protestants.
- M. Le Rabbin Mikaël
JOURNO, Aumônier Général des Hôpitaux de France, pour le
Judaïsme,
- Mme Odile Paycheng,
Responsable de la formation en Ethique biomédicale auprès des
étudiants infirmiers . Membre de JALMAV ; pour le
Catholicisme.
- Docteur Mohamed GHANNEM,
Cardiologue, responsable d'une unité de cardiologie
interventionnelle. Député tunisien. Il parle pour les Musulmans.
- M. Anthony BOUSSEMART,
membre de la Congrégation Ganden Ling, pour le Bouddhisme.
Prises de parole des
intervenants, puis table ronde avec réponse aux questions.
Quel sens donnons-nous à cette
soirée ? Nous avons voulu une rencontre citoyenne.
Il y a des choix possibles, d'où
l'importance de cette consultation éthique.
Les questions posées sont
personnelles, mais la société n'a-t-telle rien à dire ? La
liberté de chacun a des conséquences sociales ; il faut penser
aux générations futures.
Il convient de prendre en compte les
représentants des religions : celles-ci disent le sens de la
vie, de la mort, de la souffrance.
Nous sommes différents, de cinq
confessions différentes, il est légitime d'avoir des désaccords
raisonnables.
Question centrale de l'éthique :
On peut le faire, doit-on le faire ?
1- Qu'est-ce que l'être humain ?
Qu'est-ce que la vie humaine ?
L'Homme doit être au centre de la
question. C'est le défi de cette consultation.
Pour les monothéistes, personne n'a
demandé de naître et de vivre. La vie est un don de Dieu, elle a
une valeur infinie.
Les bouddhistes affirment la valeur de
la vie, qui est le seul lieu où l'on peut progresser, pour une
bonne réincarnation.
2- Procréation :
Qu'est-ce que l'embryon ?
Pour les catholiques, dès sa
conception, c'est une personne en devenir. D'accord pour la recherche
sur l'embryon, ou un diagnostic prénatal, si c'est pour poser un
diagnostic et envisager un traitement. Oui pour une vie meilleure ;
non pour supprimer cet embryon ou provoquer un avortement.
Il faut que l'enfant dès sa
conception, ait un père et une mère.
Refus de la GPA, qui aboutit à
l'abandon, à la « vente » de l'enfant. La mère est
celle qui a porté l'enfant et l'a mis au monde.
La PMA n'est pas souhaitable, même
pour un couple hétérosexuel.
Musulmans : Il n'existe pas
d'autorité en Islam, qui soit intermédiaire entre Dieu et les
hommes. Il y a donc différentes tendances. Mais la filiation est
exigée en Islam. Pour cela, ils refusent la GPA, ainsi que la PMA,
qui peut amener à la consanguinité, problème pour les générations
futures. L'avenir de l'humanité est en jeu.
Protestants : Pour eux, il n'y a
pas de magistère, seule l'Ecriture fait foi ( Sola scriptura ) ce
qui entraîne une diversité d'interprétations. En général, ils
acceptent de prendre en compte le désir d'enfant, mais estiment
qu'il n'y a pas que le désir individuel à prendre en compte. Ils
placent le bien-être de l'enfant au centre de la question. Ils
acceptent le principe de la FIV et de la PMA pour des raisons
médicales valables, mais sont réticents pour les célibataires et
les couples de même sexe. Ils refusent la GPA. Problème de
l'éclatement des parentalités. L'enfant n'est pas un droit.
Pour les juifs, le premier
précepte de la bible qui s'adresse à l'ensemble de l'humanité
est dans le récit de la Création ; croissez et
multipliez-vous.; il est souhaité d'avoir une fille et un
garçon et que chacun ait à son tour une fille et un garçon.
Chaque
être humain est créé à l'image de Dieu
La Torah interdit la GPA car cela pose le problème de paternité,
de maternité et de filiation .
la PMA, ainsi que la FIV est
autorisée sous conditions de l'avis de l'autorité rabbinique
compétente .
Pour les bouddhistes, il s'agit de
discernement personnel, de responsabilité. Grande importance
accordée à l'intention, même pour la PMA et la GPA, mais prendre
garde qu'il n'y ait pas de marchandisation du corps.
Les religions ont des règles. Mais il
existe aussi un fondamentalisme laïc.
3- Fin de vie.
Quelle attitude devant la mort, pour
les religions ?
Dans le judaïsme, il est interdit de faire quoique ce soit qui
puisse hâter la mort. A l'image d' une bougie que l'on éteint.
Agir de la sorte est équivalent a commettre un homicide .
Cependant
L'Humain doit être au centre de la question.
Y a-t-il
contradiction entre l'interdiction de l'euthanasie active, (on ne
doit pas enlever la
vie ; interdiction de débrancher la
machine) et la compassion, la pitié ? Frontière très
fine, qui doit être étudiée soigneusement au cas par cas.
Tenir
compte de ce que sera la vie après la réanimation. On ne réanime
pas des personnes sans avenir. On sait prolonger la vie, mais quelle
qualité de vie ?
L'acharnement thérapeutique est
strictement interdit .
Pour les catholiques, il est admis (Pie
XII en avait parlé en 1957), que la souffrance doit être soulagée,
même si cela doit abréger la vie de quelques heures ou jours. La
sédation profonde et continue n'est pas une euthanasie.
Pour les musulmans, il est normal de
vouloir atténuer la souffrance, la soulager. Il faut aider les gens
à mourir avec le moins de souffrance possible, dans la dignité.
Le patient a des droits, des
convictions ; le médecin aussi.
Il y a acharnement thérapeutique
si l'EEG (électroencéphalogramme ) est plat et qu'on continue à
faire respirer artificiellement le patient. Pour le Dr Ghannem, la
mort est médicale, pas religieuse, car en pratique la constatation
de la mort se fait par un médecin qui se base sur des données
médicales objectives . Le Dr a entendu des appels au secours de
la part de ses patients, mais jamais de demande d'euthanasie.
Euthanasie : tous refusent
l'euthanasie active. Seuls certains protestants acceptent des cas
exceptionnels à analyser. Mais tous sont d'accord pour soulager la
souffrance et pratiquer la sédation profonde. Si
l'accompagnement humain est fait de compassion et de soins, il n'y a
pas de demande d'euthanasie. Plutôt que de légiférer
sur l'euthanasie, mieux vaut multiplier les services de soins
palliatifs et accompagner les proches.
Pour les bouddhistes : Le temps
dont on dispose entre la naissance et la mort doit être utilisé au
maximum pour obtenir de bonnes renaissances. La vie est le bien le
plus précieux. Le moment de la mort est déterminant pour la vie
future. Dans le cas de la sédation profonde, la question est
délicate concernant un pratiquant avancé car il est important qu'il
garde les capacités de conscience au maximum. L'euthanasie n'est pas
une bonne solution car elle ne résout rien, si ce n'est peut-être
les problèmes économiques des vivants...
Propositions de solutions : La
Loi propose 2 possibilités :
- Les directives anticipées, qui permettent à chaque personne d'écrire ses souhaits lorsqu'elle sera en fin de vie, ne pouvant plus s'exprimer,
- La personne de
confiance, qui connaît les désirs de la personne en fin de vie et
qui sera l’interlocuteur auprès des soignants.
Don d'organes : Pour un
prélèvement sur un donneur vivant,
accord de tous si cela ne fait pas de tort au donneur et si les
chances de réussite sont importantes.
Pour le
prélèvement sur un mort, réserves
pour les juifs, car le corps du mort appartient à Dieu. On ne peut
pas lui prélever un organe. Cela pose la question de ce
qu'est la mort.
Questions sur la suite :
- Qu'en sera-t-il de l'application des
lois qui seront adoptées, si elles sont contraires aux principes des
religions ? Il y a unanimité : la loi du pays est celle
qu'il faut respecter. La loi s'impose à chacun, quelques soient ses
convictions.
Respecter les lieux où la loi est
appliquée.
Mais l'existence de la loi n'oblige pas
à adopter ce comportement. Chacun doit se conduire selon sa
conscience, comme par exemple pour la loi sur l'avortement.
- le devenir de cette conférence :
sera envoyée sur le site web des Etats généraux de la bioéthique.
Egalement diffusée à notre réseau et
publiée sur notre site web.
Noureddine Chafaï, président de la Fédération musulmane de
Cergy :
Cette soirée nous a
permis de mieux comprendre les positions des uns et des autres. La
communication est un facteur d’entente et les divergences ne sont
qu’une richesse d’esprits qui, à mon sens, rapprochent les gens
à travers une compréhension mutuelle.
La science est mieux
acceptée lorsqu’elle est comprise par tous, il y a une ouverture
significative des religions sur l’ère du temps, qui ne pourra que
créer un climat de stabilité.
Ce genre de rencontres et
débats augure d’un avenir serein pour tous, il faut persévérer
et rester vigilants face aux interprétations biaisées de telle ou
telle religion ou pensée.
Christine :
« Un climat d'écoute et de respect ont permis à chacun de
dire les choses avec ses mots et dans sa tradition, et aux autres de
découvrir ces choses.
Chacun a joué le jeu et a exprimé ce que dit sa religion sur les
différents sujets abordés.
Par contre, plusieurs ont dit l'attention à porter à
chaque situation qui est unique, en mettant en avant la personne
humaine. »