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La place de la laïcité en islam


par Nassif Al-Jibouri

Le mot "laïcité" comporte beaucoup de significations chez les occidentaux. Par exemple, la laïcité pratiquée chez les Français n’est pas la même chez les Anglais ou les Allemands puis la laïcité américaine est très différente des laïcités européennes.

L’explication de la laïcité est très variée même en France selon la doctrine de chaque mouvement politique, social, syndical.

Dans la plupart des pays du monde musulman, c’est plutôt l’hostilité envers ce mot car il y a beaucoup de Musulmans pour qui, être laïc, c’est synonyme d’être mécréant, infidèle ou simplement athée.

Les Musulmans ne comprennent pas cette séparation car, ils voient que les  successeurs du  prophète Muhammad n’ont jamais dit qu’ils sont l’ombre de Dieu ou qu’ils gouvernent au nom de Dieu.

Dès le départ, l’intégration de l’Islam dans le pouvoir temporel est morale. Cette intégration morale est représentée par des valeurs universelles comme la justice, la liberté, la vérité, la fraternité, la solidarité. Par contre la pratique religieuse de l’Islam comme la prière, le jeûne, le pèlerinage ou l’aumône n’a aucun poids pour développer la capacité personnelle, sur le plan intellectuel politique, économique, social et syndical. Il y a évidemment des dirigeants musulmans qui confondent à tort cette pratique avec l’affaire publique de l’Etat. Pour être beaucoup plus concret sur ce sujet : si nous prenons comme exemple l’expérience Turque, nous constatons que le pouvoir politique turc n’oblige aucune personne de son peuple à une pratique religieuse. D’autre part, il y a beaucoup de turcs qui ne sont pas pratiquants et qui ont voté pour ce gouvernement.

La laïcité en Islam, selon certains intellectuels et personnalités musulmanes vise à l’application du programme bien défini selon la volonté du peuple, qu’il soit politique, social ou économique. Ce programme temporel pour un peuple déterminé n’a rien à voir avec la volonté de Dieu. Cette volonté qui  montre à tous le bon chemin en laissant place au choix de chaqu’un d’entre nous.

Dès le début de l’Islam, le prophète Muhammad a bien distingué la différence entre le message divin révélé par Dieu (le Coran) et les affaires civiques des musulmans (ex : le prophète a dit « vous connaissez vos affaires matérielles mieux que moi »; le prophète a également dit « je ne connais pas l’invisible et si je juge au profit d’un agresseur grâce à son fort argument à l’égard de l’un d’entre vous, vous devez savoir que Dieu connait la vérité ». 

Le premier calife qui a succédé au prophète a dit "obéissez-moi si je marche vers le bon chemin, mais si je me suis égaré vous ne me devez pas d’obéissance".

Le deuxième calife a dit « Si je me suis égaré, vous devez me ramener vers le bon chemin avec vos épées ».

Théoriquement, en Islam, cela n’existe pas de gouverner le peuple au nom de Dieu, par contre il existe le consensus et des élus qui devaient représenter la population.

En résumé, si la laïcité n’est pas contre Dieu, ni contre les religions, ni une nouvelle religion; et si la laïcité représente  la justice sociale, l’égalité, la fraternité et la solidarité, la plupart des Musulmans sont favorables à cette laïcité.

Dans les pays musulmans, un mouvement démocratique ouvert et tolérant commence à se former comme en Egypte, en Tunisie, en Libye et va se propager aux autres pays. Ces changements profonds dans la mentalité des Arabes, nous permettent d’être optimistes pour construire des états civiques et appliquer la justice entre les composantes de la population de chaque pays, sans aucune distinction de race, sexe et religions.

Aujourd’hui dans un pays comme la France (le berceau de la laïcité) et malgré que la majorité écrasante des musulmans sont soumis aux lois de la république. Nous constatons qu’il y a un dérapage très inquiétant de l’application de la laïcité, qui devait être neutre et juste envers les trois grandes religions, nous remarquons aussi que certains politiciens commencent à stigmatiser l’Islam en mettant en question la religion de millions de Musulmans français, en mettant en débat pour des fins électorales la place de l’Islam en France.

 

Nassif AL-JIBOURI